Si l’attention retient l’attention des responsables des milieux de l’éducation et de l’apprentissage, les professionnels du marketing portent depuis plusieurs années une attention particulière à notre attention en tant que consommateurs. Rien en ce qui concerne les individus.
Mais trêve de verbiage, commençons par définir exactement ce qu’est l’attention.
L’attention c’est quoi
L’attention est la faculté à utiliser ses capacités d’observation exclusivement sur un unique objet, processus mental, pensée ou action. Tout comme les mémoires, l’attention est une fonction cognitive dont l’efficience varie d’un individu à un autre.
William James (1842-1910), considéré comme l’un des pères de la psychologie, donne la définition suivante « L'attention est la prise de possession par l'esprit, sous une forme claire et vive, d'un objet ou d'une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent possibles. Elle implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres ».
Vous pouvez imaginer l’attention comme le faisceau étroit d’une petite lampe que vous utiliseriez dans la nuit pour trouver votre chemin. Vous avez la possibilité de l’orienter là où vous le souhaitez et lorsqu’un bruit ou une ombre attire votre attention, vous orientez le faisceau de votre lampe vers le distracteur que vos neurones sensoriels ont signalé à votre cerveau.
L’attention est également le révélateur de l’impossibilité pour notre cerveau de traiter deux éléments conscients à la fois.
Vérifions tout ceci par la pratique avec l’exercice suivant. Je vous propose à cet effet de prendre connaissance de l'article "Histoires vécues" en restant focalisé sur le contenu (la forme) et de ne pas vous laisser distraire par quelques éléments que ce soit, autre que le texte que vous allez parcourir.
Vous êtes concentrés, motivés, attentifs et prêt à relever ce défi ? C’est parti…
Histoires vécues |
Le dilemme du cortex préfrontal
Pour Monsieur et Madame Sapiens, la situation attentionnelle était simple à gérer, car les distracteurs externes étaient peu présents, et avec un cortex préfrontal peu développé, les distracteurs internes n’avaient que peu de place dans leur quotidien. Aujourd’hui les dérives attentionnelles sont plus difficiles à gérer tant les distracteurs externes sont nombreux, et avec un cortex préfrontal plus développé, nous sommes sollicités en permanence.
Le cortex préfrontal (en jaune), est le siège de nos fonctions cognitives dites supérieures comme le raisonnement et la réflexion. Grâce à lui, nous pouvons anticiper, planifier, imaginer et à cause de lui nous ruminons et nous alimentons nos peurs, nos colères et nos phantasmes.
De tout temps l’homme à réagit de manière spontanée et inconsciente aux distracteurs externes comme le bruit provenant d’un fourré, le téléphone qui sonne ou le consulter alors qu’aucune notifications ne s’est fait entendre, mais aussi de focaliser sur une publicité attirante. Le neuro-marketing l’a bien compris, capter l’attention pour inciter à consommer. Les applications installées sur nos smartphones utilisent ce même principe, nous envoyer des notifications pour capter notre attention. On parle même de piratage attentionnel pour décrire ces démarches !
Avec la capacité que nous avons aujourd’hui à planifier, anticiper et imaginer, nous sommes confrontés à de nouveaux distracteurs, dits internes, qui vont focaliser notre attention en permanence comme penser à rappeler la nounou, se souvenir de faire ceci ou cela, ruminer sur la tension avec untel, trouver une solution pour la problématique X, préparer l’argumentaire de son projet ou phantasmer sur le nouveau SUV. Ses distracteurs internes diluent les éléments importants de notre vie dans des éléments peu importants, qui nuisent à notre concentration, notre motivation et qui, à terme, nous épuisent.
Comment stabiliser son focus attentionnel
La performance d’un individu est intimement liée à sa capacité attentionnelle, il est dès lors nécessaire que Monsieur contemporain puisse la stabiliser voir la développer. Pour ce faire des solutions existent et la première étape est de conscientiser son état attentionnel, et ce, tout au long des activités qui jalonnent ses journées.
Pour stabiliser son attention, il est essentiel de se déconnecter, au sens propre comme au sens figuré. Se prémunir des sollicitations permanentes et cela même si elles nous procurent une sensation de plaisir. Planifier et se réserver des plages afin de focaliser son attention sur un sujet précis est une autre mesure efficace qui peut nécessiter de devoir développer sa capacité à direnon.
Méditer permet de conscientiser le flux des pensées et de développer la capacité attentionnelle du pratiquant régulier. La cohérence cardiaque lui permet, en plus, de réguler ses émotions. La conjonction de ces pratiques permet d’harmoniser les fonctions primaires et les fonctions supérieures de notre cerveau. Certainement le plus grand défit à venir de l’humanité et le plus important pour préserver notre santé mentale.
Se prémunir des distracteurs internes et externes peux relèver d’une difficulté sociale importante puisqu’il y a lieu de changer des habitudes bien ancrées et valorisées socialement.
Il s’agit, non pas de faire plus, mais de faire mieux ! Il s’agit également de savoir renoncer aux plaisirs immédiats pour tendre vers le bonheur à long terme…
Et vous ?
Au début de cet article, je vous ai proposé de rester focalisé sur le contenu de dernier et de ne pas vous laisser distraire par quoi que ce soit. Prenez encore quelques minutes pour noter sur une feuille les réponses aux questions ci-dessous :
- Sur une échelle de 1 à 10 quel a été l’effort attentionnel que vous avez dû fournir pour lire l’entier de cet article ?
- Quelles difficultés avez-vous rencontrées à rester focalisé sur cet article ?
- Pendant la lecture, quelles pensées sont venues perturber votre attention ?
- Quelles sont les émotions, les ressentis ou les parallèles avec vos expériences qui vous ont distrait ?
- Même très brièvement, quels sont les distracteurs externes qui vont ont perturbé ?
- Quelles fautes d’orthographe, tournures de phrases, erreur de ponctuation, mots manquants ou longueurs de texte vous ont troublé ou fait tressaillir ?
Alors, de quoi prenez-vous conscience ? Certainement que vous avez été distrait, et c’est normal, cette faculté a sauvé la vie de notre espèce. En revanche, dans notre société contemporaine, c’est devenu une source de stress, de tension et de fatigue, tant les distracteurs sont nombreux et leur présence constante.
Le temps d’attention diminue drastiquement, avec pour conséquence, une baisse de la performance. Prenez-en conscience et focalisez votre attention sur les choses importantes. Prenez, chaque jour du temps rien que pour vous, à ne rien faire. Laissez votre attention vagabonder et prenez conscience de ce vagabondage…
Bibliographie
- Emission Vacarme, RTS, 21 au 25 janvier 2019.
- Le cerveau attentif, Jean-Philippe Lachaux, Odile Jacob
- Le cerveau funanbule, Jean-Philippe Lachaux, Odile Jacob
- Les petites bulles de l’attention, Jean-Philippe Lachaux, Odile Jacob
- Système 1 - Système 2, Les deux vitesses de la pensée, Daniel Kahneman, Flammarion
- Neuroscience, Exploring the brain (3rd, 2007), M. F. Bear, B. W. Connors, M.A. Paradiso, Lippincott Williams & Wilkins.
Références
Article rédigé par Alain Binggeli formateur et coach en entreprise, société Organize à Morges.